À l'ombre du Grand Bill

Planté lors de la Deuxième guerre au temps où est née ma grand-mère
 T'as tranquillement fait tes racines entre le bitume et les usines
 Oui t'en auras vu c'est sûr d'la misère suiter sur les murs
 De ce vieux quartier ouvrier où j'ai un jour déménagé
 J't'ai à peu près tout dit, j'ai escaladé tes hauteurs
 T'étais mon coin d'Abitibi au coeur d'la ville et d'sa froideur
 À tes pieds j'ai lut Bob Morane, forgé mes idéaux
 Embrassé ma voisine Marie-Anne et pleuré la mort de Cléo
 Pendant que j'fais la gueule, au béton de la ville
 J'me sens moins seul à l'ombre du grand Bill
 ♪
 Et tout c'temps-là t'as pas bougé comme un Bouddha serein et fier
 Tu règnes encore sur le quartier de mon enfance solitaire
 Mais à croire la marque orange sur ton écorce endolorie
 Tu rejoindras bientôt les anges si les frênes ont un paradis
 Après cent ans de poésie et de bonheur tranquille
 Un p'tit insecte venu d'Asie sera ton tout dernier péril
 Pendant que j'fais la gueule, au béton de la ville
 J'me sens moins seul à l'ombre du grand Bill
 ♪
 Si c'est possible qu'un seul arbre ait apporté autant de paix
 Dans ma p'tite vie parfois si drabe, imaginez une forêt
 Mais là j'peux pus rien faire pour toi
 Les gars d'la ville vont v'nir t'abattre
 Fa'qu'ce soir c'est la dernière fois
 Qu'on r'garde la lune avant qu'tu partes
 Merci ben gros pour le bon temps et pour le réconfort
 On s'ra frères de sève ou de sang, l'amitié transcende la mort
 Pendant que j'fais la gueule, au béton de la ville
 Je me sens si seul, adieu le grand Bill
 Je me sens si seul, adieu le grand Bill