Si nous n'étions pas bons

Si tu n'étais pas parfait comme tu le crois
 Et si la réussite ne voulait pas de toi
 Tu avancerais dans l'âge, tu verrais ton courage
 S'effriter, s'effondrer, tu devrais t'enterrer
 Tu verrais tes amis te dire un grand merci
 Et s'en aller chercher d'autres proies à piller
 Peut-être, ta famille serait-elle ravie?
 De pouvoir retrouver son exclusivité
 Si tu n'étais pas ce merveilleux génie
 Que satisfait de toi, tu te crois dans un lit
 Tu comprendrais pourquoi, l'autre n'a dans le cœur
 Que des élans pour toi digne d'une grande sœur
 Le temps te laisserait vieux comme un solitaire
 Et tu ferais de toi, ton seul ami sur Terre
 Et quand tu serais au fond de la vieillesse
 On te reprocherait de lorgner des jeunesses
 Si nous n'étions pas, bons comme nous le pensons
 Et si nous n'étions pas les champions des champions
 Nous serions étonnés de nous voir condamner
 Au jugement dernier pour manque de charité
 Nous resterions maudits aux portes du paradis
 Timides, comme défi dans un bal interdit
 Qui n'osant pas entrer, ne font que regarder
 Par la porte, les plaisirs qu'elles ne peuvent goûter
 Mais de toute façon, tout est supposition
 Car, par la vérité, on est souvent trompés
 Elles changent toujours de place
 Et même dans une glace, les images à l'envers
 Nous conseillent de travers