Le cheval

J'étais vraiment, j'étais bien plus heureux
 Bien plus heureux avant, quand j'étais cheval
 Que je traînais, Madame, votre landau
 Jolie Madame, dans les rues de Bordeaux
 Mais tu as voulu que je sois ton amant
 T'as même voulu que je quitte ma jument
 J'n'étais qu'un cheval, ouais, tu en as profité
 Et moi pour toi, je m'suis déjumenté
 Et depuis, toutes les nuits
 Dans ton lit de satin blanc
 Je regrette mon écurie
 Mon écurie et ma jument
 J'étais vraiment, j'étais bien plus heureux
 Bien plus heureux avant, quand j'étais cheval
 Que je foutais Madame, la gueule par terre
 Jolie Madame, quand tu forçais le cerf
 (Aïe aïe aïe)
 Mais tu as voulu qu'j'apprenne les bonnes manières
 T'as même voulu qu'j'marche sur les pattes de derrière
 J'n'étais qu'un cheval, ouais, tu m'as couillonné
 Et moi pour toi, je m'suis derrièrisé
 Et depuis, toutes les nuits
 Quand nous dansons le tango
 Je regrette mon écurie
 Mon écurie et mon galop
 J'étais vraiment, j'étais bien plus heureux
 Bien plus heureux avant quand j'étais cheval
 Que j'te portais, Madame, sur mon dos
 Jolie Madame, en forêt d'Fontainebleau
 Mais tu as voulu que je sois ton banquier
 Tu as voulu que j'me mette à chanter
 J'n'étais qu'un cheval, ouais, tu en as abusé
 Et moi pour toi, je m'suis variété
 Et depuis, toutes les nuits
 Quand je chante Ne me quitte pas
 Je regrette mon écurie
 Et mes silences d'autrefois
 Et puis et puis, tu es partie, radicale
 Avec un zèbre, un zèbre mal rayé
 Le jour, Madame, où je t'ai refusé
 D'apprendre à monter à cheval
 Mais tu m'avais pris ma jument
 Mon silence et mes sabots
 Mon écurie et mon galop
 Tu ne m'as laissé que mes dents
 Et voilà pourquoi je cours
 Je cours le monde en hennissant
 Me voyant refuser l'amour
 Par les femmes et par les juments
 J'étais vraiment, j'étais bien plus heureux
 Bien plus heureux avant, quand j'étais cheval
 Que je traînais, Madame, votre landau
 Quand j'étais cheval et quand tu étais chameau